Bonjour chers lecteurs, je vous retrouve aujourd’hui pour vous faire partager une autre aventure, de ce livre que j’ai commencé lorsque Christian m’a ouvert la porte du Rotary il y a un peu plus de 10 ans ,ce livre qui s’intitule « OPPORTUNITES ». Ce nouveau chapitre s’intitule « Sur le Chemin de l’école en Afrique »
L’aventure commence comme souvent dans un aéroport, CDG, cette fois-ci où la totalité de l’équipe de 9 personnes s’est retrouvée, vendredi dernier en début de soirée. L’initiative de ce projet revient à Christian qui a commencé à construire ce projet il y a un an, un reportage d’Arte sur World Bicycle Relief (WBR), quelques recherches sur Internet pour faire connaissance avec l’Organisation Non Gouvernementale (ONG), premiers contacts mail, puis échanges téléphoniques. A l’automne Christian construit un premier projet avec fourniture de 20 vélos à une école en Zambie, ce qui lui permet d’apprécier le sérieux. Convaincu, il lance un projet plus ambitieux : fournir 200 vélos à une école en Zambie, pour permettre aux enfants de se rendre plus rapidement à l’école. Il souhaite également aller personnellement remettre ces vélos aux bénéficiaires dans un village de Zambie. L’idée séduit plusieurs membres de son Club, ROTARY-CLUB Auxerre Saint Germain, dans le district 1750, en particulier Jean-Philippe, jeune rotarien, investi l’an passé dans une journée nationale de vaccination contre la polio en Inde. Christian nous parle alors de ce projet, c’est l’enthousiasme, nous le suivons et souhaitons nous impliquer également dans ce projet, quelques membres du Club de Sablé Sur Sarthe ayant vu le documentaire « Sur les Chemins de l’école » sont convaincus de l’utilité d’un tel projet, un deuxième Club se trouve impliqué et un deuxième District, le 1510. Michel , jeune rotarien du Club de Nantes Sur Loire, qui avait également participé à la journée nationale de vaccination en Inde et à la construction d’un barrage l’an passé est également partant .Notre bonheur est de partager cette aventure avec nos conjoints tout aussi volontaires pour cette aventure. Les autres amis ne sont pas absents, Jacqueline ex-rotarienne du Club de Château-Gontier fait aussi partie de l’équipe.
Une petite nuit dans un A380, et nous atterrissons 10H30 plus tard à Johannesburg en Afrique du Sud, dans un aéroport ultra moderne, à la signalétique parfaite, un petit transfert, 1H45 plus tard nous atterrissons à LUSAKA, capitale de la Zambie.
ZAMBIE, un pays dont on n’entend pas parler souvent , il est situé au Nord de l’Afrique du Sud , avec comme Voisins le ZIMBABWE au Sud est, le Botswana au Sud Ouest , il partage une petite frontière avec la Namibie , puis plein Ouest c’est l’Angola, au Nord c’est la République Démocratique du Congo , au Nord Est la Tanzanie, plein est c’est la frontière avec le Malawi, puis une frontière avec le Mozambique.
Malgré des voisins plus violents, ce pays a su rester paisible et n’a jamais connu la guerre, depuis son indépendance en 1964. Ce pays s’étend sur une grande superficie, 752.000 km², soit 1,5 fois la France, ou bien de la taille du Texas aux USA .La population est de 13 millions d’habitants, on est loin de la densité de l’Inde. Les mines de Cuivre et Cobalt constituent les principales richesses du pays. Le taux de chômage est de 60%, le salaire minimum mensuel est de 600 Kwachas , environ 60€.
La journée de Dimanche s’est passée tranquillement, à explorer les richesses de l’artisanat local dans un petit marché voisin de l’hôtel, les artisans ont déjà fait quelques affaires….Premiers véritables contacts avec la population, la langue est l’anglais plus quelques 70 dialectes locaux, les gens sont accueillant, paisibles. Nous n’avons pas réussis à établir un contact avec un Rotary Club Local.
Ce lundi matin, nous entrons dans le vif du sujet, Kristin , jeune américaine qui a passé 6 ans en Zambie et qui connait bien World Bicycle Relief pour y avoir travaillé sera notre guide pour ces quelques jours de découvertes. Elle vit aujourd’hui à Hong-Kong où elle est professeur de Yoga, mais est revenue quelques semaines en Zambie pour piloter deux groupes, un groupe d’américains la semaine passée et notre groupe cette semaine.
La matinée sera consacrée aux présentations et à la visite des installations de WBR en Zambie. Cette organisation a été crée en 2005, pour fournir des vélos après le Tsunami qui a ravagé les Côtes du Sri Lanka, comme les routes étaient détruites le vélo est apparu comme un excellent moyen de faire circuler nourriture et médicaments. Dans cette situation d’urgence 24.000 bicyclettes assemblées localement ont été distribuées aux survivants de ce terrible cataclysme, pour pallier à une situation d’urgence. Ensuite l’idée est venue de poursuivre ce projet en Afrique pour servir au développement, suite au voyage en Zambie d’un des fondateurs de WBR. Ils ont travaillé à la conception d’un vélo robuste pour l’Afrique, capable de résister aux pistes africaines en toutes saisons, et capable de porter des charges jusqu’à 100 Kg :le Buffalo était né.
Les pièces détachées de ces vélos arrivent ce Chine en containers remplis de cartons de 90Kg qui contiennent les pièces de 4 vélos . Cela arrive par bateau de Chine jusqu’en Afrique du Sud , puis par route jusqu’à Lusaka. Les vélos sont assemblés dans l’atelier de Lusaka que nous avons visité. Le projet a été étendu à plusieurs autres pays voisins, qui possèdent des centres de montage : Afrique du Sud , Zimbabwe et Kenya. Le temps de montage moyen est de 15 minutes pour une équipe de techniciens entraînés.
Un premier programme de distribution de 28.000 vélos à l’échelle du pays a été réalisé avec une autre ONG pour fournir des bicyclettes à des personnes en charge de développer l’accès aux soins des patients victimes du SIDA. Dans ce pays le taux de porteurs du virus du SIDA est d’environ 10% de la population. Au début de l’apparition de la maladie, ces patients étaient considérés comme des parias et passaient le reste de leur vie enfermés dans leur maison, personne ne s’occupait plus d’eux, ils n’avaient plus les moyens de se rendre à des dispensaires parfois distants de plus de 40 km de chez eux. Les vélos ont permis à ces agents de santé d’aller les visiter, d’expliquer la maladie dans les villages, d’emmener ces patients dans les dispensaires, de les ramener et ensuite d’assurer leur approvisionnement en médicament. Les patients de ce pays ont accès aux traitement anti-sida : les célèbres trithérapies. L’ingéniosité des Africains leur a permis de mettre au point un vélo-ambulance, avec deux vélos attachés de chaque côté d’un lit.
En 2008 a été initié un programme destiné à favoriser la scolarisation des enfants en milieu rural. Les enfants dans ces campagnes parcourent en moyenne 10 km à pied pour de rendre à l’école. En se levant à 4h, ils sont à l’école pour 7h et le soir en repartant à 4h ils arrivent à la maison à 19h, soit après le coucher du soleil dans cette zone tropicale ou la nuit tombe toute l’année vers 18h. En leur fournissant un vélo , cela raccourcit leur temps de parcours, augmentant l’assiduité à l’école et permet l’élévation du niveau scolaire. La fourniture des vélos se fait prioritairement aux filles qui s’occupant en plus de taches ménagères à la maison ont une fréquentation de l’école qui diminue avec l’âge. C’est à ce type de projet que nous contribuons aujourd’hui, et nous pourrons apprécier la totale transparence du processus en participant à la remise de 100 vélos dans une école mardi.
Pour nous permettre de constater la simplicité de ces vélos et leur robustesse chaque membre de l’équipe encadré de techniciens de WBR a personnellement monté son vélo qu’il utilisera demain pour se rendre à l’école. Les 9 vélos ont été montés en un peu plus d’une heure.
Mardi matin, c’est le grand jour, nous prenons la direction du district de Kafue , au Sud-Ouest de LUSAKA . Après une heure de route, nous laissons le goudron pour aborder la piste, au bout de quelques kilomètres notre mini-bus s’arrète, nous arrivons sur les chemins de l’école de MUCHUTO, école primaire fréquentée par 765enfants. Nous ferons les derniers kilomètres à pied tout d’abord puis après quelques kilomètres nous retrouvons Josef, technicien de WBR qui a apportés les vélos que nous avons monté la veille, nous ferons les 7 derniers kilomètres en vélo. Cela nous a donné l’occasion de partager le quotidien des enfants de ce village qui font ce genre de trajet 2 fois par jour. Nous sommes en saison sèche, c’est plus facile seule la poussière de la piste soulevée par de rares camions et voitures compliquera un peu le parcours. Nous avons pu apprécier le confort et la robustesse du buffalo, vélo véritablement fait pour ces pistes africaines.
Nous sommes accueillis à l’école par les professeurs, les élèves et certains parents des enfants. C’est la fête ce matin dans la cour de l’école, cent enfants vont recevoir une bicyclette. Un comité villageois a sélectionné ces enfants. Ce comité constitué de professeurs, et de parents a choisi les enfants travaillant bien à l’école, ceux habitant le plus loin et majoritairement des filles. Cette politique tient au fait que après ou avant d’aller à l’école elles participent très jeunes aux taches ménagères à la maison, occupation responsable de leur moindre accès à l’éducation. Or éduquer une fille c’est éduquer une famille puisqu’elle pourra contribuer à l’éducation de ses futurs enfants.
Un véritable spectacle a été organisé, les règles d’utilisation des vélos sont rappelées aux enfants et aux parents. Les enfants signent un contrat de deux ans, ils s’engagent à être assidus à l’école, à bien entretenir ces vélos , à ne pas faire de mésusage du vélo, les frères , sœurs et parents de l’enfant pourront utiliser le vélo en dehors du temps scolaire. Le comité villageois est chargé de veiller au bon respect des règles, en cas de transgression des règles, le vélo est retiré, c’est déjà arrivé. Au bout de deux ans, le vélo devient la propriété de l’enfant, et tous le conservent, personne ne le revend. Pour permettre un bon entretien de ces vélos, WBR a formé à LUSAKA deux personnes du village qui recevront une première dotation de pièces détachées pour entretenir les vélos. Il est formé un technicien pour 100 vélos donnés. Ces pièces revendues permettront aux techniciens de dégager un revenu, car elles permettront d’entretenir aussi d’autres vélos, et ensuite ils pourront se réapprovisionner régulièrement sur le magasin de Lusaka. Plusieurs chorales ont égayé la fête, puis ce fut le grand moment, la remise du vélo à chaque enfant en présence des parents, la signature du contrat par chaque enfant et l’enregistrement du vélo, chaque vélo ayant un numéro de série unique. Nous avons lu le bonheur dans les yeux de ces enfants et de leurs parents.
Les enseignants nous ont fait visiter l’école, propre et bien entretenue malgré des moyens modestes. Chaque enseignant est en charge de deux classes: une le matin, l’autre l’après-midi. La restauration des enfants n’est pas assurée, ils amènent de l’eau et un peu de nourriture. Une surprise nous attendait dans la bibliothèque de prêt de l’école, les membres du comité nous avaient préparé un repas .
En début d’après-midi, nous avons raccompagné en vélo Emelda, 15 ans elle a reçu un vélo ce matin et est fière de nous montrer le chemin pour aller de l’école à sa maison , qu’elle fera désormais en vélo. Elle habite à plus de 7km de l’école. Nous faisons connaissance avec sa maman et ses 5 frères et sœurs. Elle nous fait visiter sa maison, sa chambre, un matelas par terre qu’elle partage avec une de ses sœurs. A quelques centaines de mètres elle nous montre la pompe manuelle qui lui permet de prélever l’eau nécessaire aux besoins quotidiens. Cette eau provient d’une nappe située à 30 mètres sous-terre.
Puis c’est le retour jusqu’à l’école, sur les pistes nous croisons de nombreux marcheurs, qui nous nous saluent « MOULIBOUANGI » qui veut dire comment ca va, nous répondons « BOUENO » qui veut dire cela va bien. Un moment un groupe d’enfants nous font des signes, nous ralentissons ils sautent sur nos porte-bagages, ils feront un bout de chemin en vélo, puis nos chemins se séparent avec de larges sourires de remerciements. C’est ainsi que chaque vélo donné bénéficie à plus d’un enfant , deux et parfois 3 enfants peuvent être transportés par un seul vélo.
De retour à l’école alors que les vélos sillonnent le terrain de foot, nous organisons des jeux avec les enfants :le jeu du mouchoir, 123 soleil , puis nous apprenons un jeu Zambien où les participants sont des lions et des moutons….Un grand moment de joie pour petits et grands, des centaines de sourires, sous un beau soleil d’automne en Afrique australe.
Bravo pour cette initiative !
J’aurais aimé pouvoir participer à une telle action humanitaire.
Dommage que mes problèmes de santé , surtout ceux liés à des problèmes respiratoires, m’empêchent d’envisager tous déplacements dans des zones poussiéreuses…
Vivement une action chez les Inuits !
Merci Didier pour ce magnifique exposé de votre action… Tu nous donnes envie de vous rejoindre… Vivement que les filles soient indépendantes pour que je puisse venir vous aider !!!