Louis Dréano – Philippines – Sept. 2015

Mayong aga ! Mabuhay sa Pilipinas !

Je suis arrivé aux Philippines le 29 Juillet, à minuit. Après quoi, j’ai pris un autre avion de Manila pour Bacolod, arrivant à l’aube sur l’île de Negros. La brise du tarmac était chaude, ce qui m’annonçait déjà le climat tropical du pays. Jusqu’ici, j’avais l’impression que le temps était comme suspendu. Je voyageais en transit, troublé par le décalage horaire et dormant le jour dans l’avion.

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A l’aéroport, j’ai rencontré ma première famille d’accueil, les Yusay. Nous vivons à Capitolville, un quartier au coeur de la ville. De l’aéroport jusqu’à la maison, nous avons pris une vingtaine de minutes, soit le temps de me rendre compte que j’étais bien ailleurs, loin de l’Europe et qu’ici, il y a beaucoup de palmiers et des champs de Sucre à perte de vue. Sur la carte, mon île est au plein milieu des Philippines, dans la région Visayas. Au nord du pays, c’est Luzon, et au sud, Mindanao. Cette dernière est notamment composée des îles Tawi-Tawi et Sulu, malfamées par la présence islamiste qui y fait rage.

Louis sept- - 7Cela fait peut-être bien un mois et une semaine que je suis ici, et je dois l’avouer, je me sens plutôt bien intégré à tout cet univers. Ma première famille d’accueil est vraiment très gentille, généreuse et très agréable. Mes parents d’accueil sont des médecins assez reconnus dans la ville, et très occupés. J’ai 2 petits frères (Lance, 10 ans, Paulo, 13 ans) et 1 soeur d’accueil (Mikaela, 15 ans) sans compter Maïa qui vient de partir sur Nantes ! Egalement, j’avais 6 chiens mais à mon arrivée, un est mort. J’espère que ce n’est pas significatif de quelque chose… A la maison, j’ai dû m’habituer à avoir deux servantes qui ont plus ou moins mon âge et Jeanoh, le chauffeur ! Enfin, ce n’est pas si difficile… A vrai dire, tout le monde a des servantes chez soi. J’ai également rencontré mes deux autres familles d’accueil : les Radcliffe (le père est Britannique) et les Palanca. Elles sont toutes très différentes mais très sympathiques !

Dans le courant de mes premiers jours, j’ai rencontré les deux autres Exchange Students de Suisse, Lisiane et Emanuel. Nous sommes pas mal sortis avec les Outbounds avant leur départ, puis avec nos familles. Il y a 3 semaines, nous étions sur la petite île de Lakawon puis la semaine dernière, nous sommes montés dans la montagne ! Tous les week-ends, on se voit pour faire de la Boxe avec ma deuxième mère d’accueil ! Il ne faut pas oublier qu’ici, Manny Pacquio est considéré comme un véritable héros !
Nous sommes 7 dans notre district je crois, mais on a toujours pas rencontré les autres. Ici, le Rotary est pas mal reconnu et actif ! Le lendemain de mon arrivée, nous sommes allés donner des fournitures scolaires à une école publique pour enfants handicapés. Pour les mois à venir, mon club va organiser d’autres activités de ce genre. Sinon ce mois d’Août, nous avons reçu deux fois le gouverneur du district, venant de Zamboanga (province de Minadanao). Pour ma part, ma mère d’accueil va bientôt m’introduire dans une association caritative dont elle connait les responsables.

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Dès mon premier week-end, mon père d’accueil avait un semi-triathlon à Cebu. Lance, Maïa, ma mère d’accueil et moi sommes allés l’encourager. Ce fut aussi l’occasion de mon premier « bain de foule » ! Effectivement, le dimanche matin, je devais rejoindre mes parents d’accueil au niveau de la ligne d’arrivée de la course, ils étaient déjà sur place. Ainsi, j’ai du marché tout seul, le long de la route, pendant un petit quart d’heure à peine. La rue centale de Cebu était vraiment bondé de monde. De part et d’autre, les gens venaient suppoter les coureurs car cette route faisait partie du parcours. En sortant de mon hôtel, j’entendais des gens crier, il y avait une ambiance assez dingue ! Mais quand je longeais la route, il n’y avait peu ou pas de coureurs… Le plus extraordinaire donc, c’est de finalement se rendre compte que tous ces cris, tous ces sourires, tous ces regards ébahies, ils étaient pour moi ! En me faufilant dans la foule, on me demandait de prendre une photo avec eux, d’eux, ou on me suivait, on m’interpelait « Are you american ? Sir, sir, sir ? Hey, do you play basketball ? Unsa ang imong gitas-on ? ». Un m’a même demandé d’enlever mes lunettes de soleil. J’ai compris seulement 2 semaines plus tard qu’ici, les gens ont les yeux noirs, et que du coup, avoir les yeux marrons, un peu verts, c’est rare ! Comme vous l’aurez compris, être blanc aux Philippines, c’est un peu être une célébrité ! Enfin, il faut rester modeste ; marcher seul dans la rue, ça ne m’arrive quasiment jamais, et même, c’est toujours un peu malaisant d’être regardé par tout le monde. Ici encore, on voit la différence entre les plus pauvres (peu éduqués, donc pas vraiment habitués à voir des gens blancs) et les plus riches ; cela par leur réaction en me voyant !

Pour ce qui est de la langue, je ne savais pas trop à quoi m’attendre.
Aux Philippines, il y a près de 20 langues régionales, plus de 100 dialectes différents. Cependant, les langues dites « nationales » restent l’Anglais et le Tagalog (aussi dit « Filipino »). Ici, sur les îles Negros et Iloilo, on parle Hilligaynon (aussi dit « Ilonggo »). De façon générale, les plus pauvres parlent très mal Anglais voire pas du tout, et les plus riches sont évidemment bilingues ou trilingues. A la maison, on parle Anglais entre nous, mais Ilonggo avec les servantes. Mes parents ont étudié à Manila, du coup ils parlent parfois entre eux Tagalog. A l’école, les cours sont donnés 80% en Anglais et 20% en Ilonggo, mais les élèves parlent entre eux 85% en Ilonggo. Pour ma part, j’ai plus l’impression que l’Anglais est la langue imposée, celle de l’Ancien colonisateur ou celle du Touriste. Donc, j’apprend l’Ilonggo !

J’ai commencé l’école le 17 Août, à l’Université de La Salle. L’université est plus un campus immense rassemblant tous les niveaux, de l’école primaire au Master ! A présent, je suis un vrai « Lasallian », en Grade 10, soit l’équivalent de la Première. Les élèves ont un an de moins que moi, il n’existe pas de Terminal ou de Grade 11, Grade 12. Les cours ont déjà commencé depuis Juin, donc à mon arrivée, ils venaient de terminer leur premier Quarter. Du coup, je terminerai les cours en Mars je crois. A l’école, on fait de l’Anglais, des Maths, des Sciences, du Sport, de l’Informatique, du Tagalog, de l’Economie, des Sciences Politiques, des cours sur la vie Chrétienne et de la Comptabilité ! Du lundi au vendredi, on a 8 heures de cours. On commence chaque matin par l’hymne national, une promesse à l’oral d’être un bon élève puis l’hymne de l’école ! Ensuite, chaque cours commence par une prière. En tant qu’Exchange Student, je ne m’attendais pas à vraiment travailler. Mais ici, c’est assez intense. J’ai plus l’impression d’être un nouvel élève qu’un Exchange Student ! Dans ce sens, je pourrai toujours améliorer mon Anglais !
Je viens de terminer ma troisième semaine d’école et j’en garde une très bonne impression. Dès le premier jour, les gens sont venus vers moi, me questionnaient, s’intéressaient à moi ! (beaucoup de « moi » dans ce premier rapport !) A présent, je commence à créer des liens d’amitité avec quelques un ! On m’avait dit qu’ici, les gens sont immatures, ou faux, ou un peu méchants. J’en ai pas du tout l’impression ! Ici, les gens sont vraiment positifs, toujours souriants.

Dans la vie d’un Philippin, il existe deux choses très importantes : la religion et le sport. Les sports les plus populaires sont le Basketball, le Football, la Boxe et le Bulangan (combat de coq !). Pour ce dernier, si vous montiez dans la montagne, vous pourriez voir le nombre de champs de coqs qui s’étendent jusqu’à la plaine. Egalement, la notion de famille, d’honneur est très importante ! Porter un nom c’est porter le poids de tout l’héritage familial!
Ce mois d’Août était en pleine saison des Pluies ; parfois le temps est caniculaire, ou il pleut soudainement des cordes et des cordes.

Des Philippines, on ne connait pas grand chose… Même si Pirates des Caraïbes, Platoon et quelques saisons de Koh Lanta ont bien été tournés ici ! Puis la nourriture est vraiment dingue ! Je découvre régulièrement des nouvelles choses ! Adobo, puto, tapsilog, kakang gata, tapa, etc. etc. Puis les fruits (en photo) sont vraiment très bons : Mangosteen, Rambustan, Santol (genre de Litchi avec des petits pics), Langka (le truc que je porte sur une des photos !). Avec des amis de ma classe, je vais bientôt goûter le fameux Balut. En fait, c’est un petit bébé canard encore dans son oeuf que l’on doit manger. On m’a dit qu’il faut d’abord boire son liquide amniotique avant d’avaler la petite bête à moitié morte ! Miam ! Par ailleurs, la semaine dernière, nous avions un jour spécial. Le matin, nous devions porter le costume traditionnel des Philippines (pour les hommes, on doit porter le Barong, genre de chemise longue et légère ; pour les femmes, ce sont des robes très colorées !) pour une grande messe, avec toute l’école. Après quoi, nous devions ramener de la nourriture et faire du riz (ici, le riz, c’est comme le pain français, on en met partout !) dans les salles de Chimie. A 12 heures, j’étais dans ces dernières quand deux camarades de classe m’ont amené un bandeau pour mes yeux. Dans le noir, on m’a descendu jusqu’à ma classe. Puis lorsqu’ils m’ont enlevé le bandeau, j’ai pu découvrir 3 longues tables couvertes de nourriture, sur de longues feuilles. Ici, on appelle ça « Salo-salo ». C’est une façon de manger avec les mains, tremper notre nourriture dans des sauces, choper toute la nourriture que l’on veut ; où tout le monde est généralement un peu serré et personne n’est autorisé de s’assoir !

A aujourd’hui, je me sens heureux et si peu nostalgique. Quand je le suis, je réalise à quel point ma vie française me plaîsait. J’ai quitté certes un comfort, des gens que j’aime et un pays à travers lequel je me projetais aisément. Mais, à présent, je suis entrain de tout reconstruire ! Dans une topographie complétement différente, tout simplement nouvelle, je reçois ici une grande chaleur humaine. Je me lève chaque matin et je me rend compte que je vis sur une île, que là-bas il y a bien un volcan ou qu’au sud, il y avait un typhon ces dernières semaines. Puis en cours, un temps, je regarde tous les gens de ma classe. Ca me fait rire, je suis bien le seul blanc ici !

Je souhaite remercier évidemment tout le club de Sablé-sur-Sarthe, tous les gens du district 1510 et bien sûr mes parents ! Sincèrement, c’est dingue ici, mais le plus dingue encore, c’est de se dire que ce n’est que le début !

Sige toy halong !

5 réflexions au sujet de “Louis Dréano – Philippines – Sept. 2015”

  1. Maayong gab-i ! Salamat gid para sa mensahe mo !
    On apprend tellement des autres, dans un cadre si différent ! Il faut juste le vivre !
    Pour ce qui est du balut et de sa recette, c’est très simple : prenez un oeuf de cane couvé durant environ trois semaines puis cuisez-le à la vapeur ! Une petite poignée de sel ou du vinaigre, et voilà un vrai balut philippin !

  2. Bonjour Louis ;
    Merci pour ce compte-rendu si sincère. Il faudrait que beaucoup de jeunes puissent le lire car il en dit beaucoup sur le plaisir de la découverte d’autrui , d’un autre pays tout en restant très humble;
    Une année riche en émotions et en surprises diverses et variées s’annonce. Bravo.
    S’il te plait ramène la recette du Balut à ton papa, le spécialiste du canard. 🙂
    Stéphane.

  3. Bonjour Louis
    Je te félicite pour la qualité de ton compte-rendu ainsi que l’émotion et le satisfaction qui y sont bien présentes.
    J’ai comme l’impression que ton année va te faire découvrir une richesse humaine immense qui va au delà des frontières.
    Tu as la chance extraordinaire de pouvoir vivre une expérience qui s’offre à très peu d’élus ! Profite de ton année au maximum et sois un ambassadeur de notre beau pays,
    Nb: si tu fais ta conférence de retour en France en Tagalog, prévois quand même une traduction!
    Pascal

    • Bonsoir ! Merci beaucoup, je suis très content que mon message vous touche ! Ici, aux Philippines, je m’éclate vraiment car tout est si différent !

  4. Bonjour Louis !
    Sur la forme, ton rapport me fait tout simplement rêver ! Toute cette chaleur, cette bonne humeur et ces détails aussi bien drôles que profonds me rendent très heureux pour toi. (On aurait presque l’impression de vivre ce fameux « Salo-Salo » à tes côtés !)
    Dans le fond, Je suppose aisément que ta période d’intégration à la vie aux Philippines arrive à terme ! et que tu commences, au delà de la dimension langagière, (apprendre le Tagalog ne doit pas être chose aisée) à te familiariser à cette toute nouvelle façon de vivre ! Cependant, je constate avec rire et adoration l’intensité et les découvertes de ce début de voyage, notamment la dimension surréaliste de ton premier « bain de foule » !
    En tous cas, éclate toi bien dans, je cite, cette « topographie complètement différente », ou tu reçois avec je n’en doute pas, curiosité, assiduité et bonne humeur toutes les nouvelles expériences et enrichissements qui t’arboreront vers une maturité et un état d’esprit à nul autre pareil !
    Ton très cher collègue d’internat et ami, Charles Maudet.

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