Louis Dréano – Philippines – nov. 2015

Maayong gab-i !

La nuit tombe vite aux Philippines tandis que ma vie chez les Yusay touche déjà à sa fin. Je change en effet samedi prochain de famille, pour les Palanca. Je devrais aussi quitter mon chauffeur Jeanoh, avec qui je m’entendais bien ! On aimerait faire un karaoke ensemble ! Ce à quoi je ne m’attendais pas, c’est de m’imerger dans trois différentes familles et de pouvoir m’imaginer peut-être à vivre un futur similaire ; c’est-à-dire une façon de vivre différente, un métier différent, des hobbies et intérêts différents. Mes premiers parents Philippins sont tous les deux médecins – neurologue et urologue ; ils ont quatre enfants ; mon père est également un avide triathlète et musicien. J’apprécie beaucoup énormément cette famille ! Le changement ne sera pas difficile vu que je m’entend bien aussi avec les Palanca ! Ce soir, je m’apprête à faire ma valise ; avec un peu de nostalgie peut-être…Le Balut. Comme je l’avais dit dans mon premier rapport, ici, on mange des embryons de petits canards. Et finalement, je suis assez fière de le dire, j’aime le Balut ; j’en ai même mangé deux !D’abord, on doit boire le jus de l’oeuf, puis manger le jaune, pour garder le meilleur pour la fin : la petite bête globuleuse ! Sincèrement, ce n’est pas si impressionant, du moins, jusqu’à ce que l’on se rend compte qu’on mange des yeux aussi… On peut trouver des Baluts vraiment partout, dans la rue. Généralement, ça côute que 10 pesos (soit 17 centimes peut-être) et les sportifs Philippins en mangent beaucoup car c’est riche en protéine (vous me direz, un bébé cru, il n’y a rien de plus riche en protéine…). Malgré la production de LDC, dommage qu’on ne puisse pas en trouver en Sarthe…

Une partie de mon échange que je souhaite développer est son aspect « humanitaire ». Déjà avec le Rotary, nous étions allés en Septembre dans un Barangay. Avec l’école, nous avons une mission chaque quarter dans un orphelinat tenue par des Soeurs à Banago. Du coup, j’y suis retourné tout seul il y a quelques jours. C’était samedi, il devait être 16 heures. Dès que je suis descendu de la voiture et rentré dans la cour, voilà qu’au moins une trentaine d’enfants sont venus me voir ! Même pas le temps de saluer les Soeurs que ces enfants me regardent d’un oeil ébahi et me questionnent ! Je leur répondais (j’essayais) en Ilonggo, le dialecte, ce qui a été quelque chose d’assez marrant… Jusqu’à ce que j’entende une petite voix, au loin, s’approchant : « Louis, Louis, si Louis ! »; Milanio, un gamin de 12 ans en fauteuil roulant, s’était rappelé de moi !

Louis nov- - 4

(bon, vous direz aussi qu’être le seul grand blanc, ce n’est pas si difficile que ça…) ; Un m’a même demandé si j’étais un ange ! Par la suite, j’ai eu l’occasion de discuter avec des Soeurs qui m’ont invité à participer à leurs actions : tous les mercredi matins de Novembre, elles vont dans les Barangays (quartiers relativement pauvres où les gens vivent) donner des médicaments. De plus, elles préparent Noël.
Quand j’étais sur le point de partir, une dame m’interpelle : « Parlez-vous français ? » ; Eh là, elle me raconte qu’elle vient de Manille, qu’elle est marié avec un Suisse Français (d’où son français parfait). En fait, elle venait dans l’orphelinat pour donner des fonds, des jouets. Elle m’a aussi raconté qu’il existe à Manille une petite communauté française, très soudée ! Du coup, j’y suis invité pour passer quelques jours, chez elle et sa famille, le 24 Novembre, pour goûter le Beaujolais Nouveau !
Avant de partir, Milanio m’a demandé quand j’allais revenir. Dans mon Ilonggo parfait, je lui répondis bientôt. Il me sourit.

Ma ville, Bacolod, est dite comme « la ville des sourires » ! Tous les mois d’Octobre, le Masskara Festival se déroule dans la ville. Lacson street, la rue principale, est même bloquée pour laisser place aux danceurs de rue, et aux fêtes jusqu’au bout de la nuit. C’est vraiment dingue ! De nombreux DJs connus de Manille y viennent. Ce grand carnaval a une importante symbolique : on porte des masques sourriants et colorés pour oublier les difficultés que l’on rencontre dans la vie. C’était aussi l’occasion de rencontrer Mathilde, une autre exchange student venant d’Antique (Iloilo, l’île d’en face). Bref, c’était la grosse fête pendant trois jours !

L’autrefois, mon père nous a emmenés dans la Montagne car il y donnait des soins gratuits. J’ai pu donc voir, pour la première fois de ma vie, une circoncision se dérouler devant mes yeux ! Par la suite, on a planté des arbres et on s’est baigné dans les chutes d’eau !
Il y a une semaine déjà, je suis allé dans un endroit assez similaire mais plus développé : Mambukal. Avec des amis, on s’est baigné, promené dans la montagne. L’endroit était très vide ; paradoxe car aménagé pour le tourisme. Quelques jours plus tard, les Palanca m’ont invité avec l’autre exchange student Suisse à aller à Sipalay ; soit un vrai paradis ! Ici encore, les plages étaient vides ! On s’est baigné, on a fait du snorkling, on a navigué sur la mer (assez agitée, il a beaucoup plu sur notre retour) ! J’ai pu beaucoup discuter avec mes futurs parents d’accueil. Ils sont très curieux sur notre culture française et notre langue française ! Puis, il y avait Juancho ! Mon futur frère de 12 ans ! Il est très marrant ! Ces deux jours m’a permis de me familiariser avec eux (enfin, ce n’est pas difficile ; ils sont tellement adorables eux aussi !).

Le week-end dernier, on fêtait Haloween dans notre quartier (on va le refaire le week-end prochain). Toutes les maisons étaient décorées. A l’entrée de chacune, des gens donnaient des bonbons ! Nous, on avait embauché un glacier… (ouais, carrément, on ne fait pas les choses qu’à moitié ici…). J’ai vraiment adoré cet après-midi ! Avec Paulo, Lance (mes deux frères d’accueil), Diego (le copain de Lance), on était déguisés ! J’ai même réussi à faire pleurer une petite !! Bref, quand je suis rentré, j’avais ma citrouille bien pleine. C’était vraiment trop bien, j’étais un vrai gamin !
Aux Philippines, les gens aiment bien généralement célébrer un peu n’importe quelle fête (Haloween, le Ramadan, la Journée mondiale des enseignants, etc.). Ici, on retrouve l’héritage américain avant tout dans le système politique (une démocratie ; méga-méga-méga-méga-méga corrompue) et le système d’éducation.

Pour ce qui est de l’école, j’apprécie vraiment ma classe ! Je commence à me retrouver dans mes différents groupes d’amis ici ! Un correspond notamment aux scouts de l’école ! Ils ont une posture assez différente au regard des autres élèves : ils forment les plus jeunes scouts, ils ne font de CAT, ils arrivent très tôt le matin pour des missions « civiles ». Leur lieu de rassemblement est le cours extérieur de Handball. Par contre, le Handball n’est pas le Handball que l’on connaît ; c’est un sport très similaire à la pelote ou au squash : il faut un mur, une balle et deux joueurs. J’y joue de plus en plus avec eux, c’est très addictif !
On vient de finir notre deuxième quarter. On est donc en vacances (enfin qu’une semaine). Cette dernière semaine, on a passé des examens (la comptabilité et l’informatique, c’est pas mon truc…) ; même un en CAT. Ce dernier « cours » est une heure de préparation militaire et de discipline. En fait, tous les vendredis, on finit par cette heure ; dans laquelle on marche, on fait des pompes quand on fait pas bien. Ce qui est le plus étonnant, c’est que ce sont les élèves eux-même qui en sont les instructeurs…
De façon générale, j’aime vraiment beaucoup le peuple philippin ! Très gentil, souriant, positif. Après, le fait d’être blanc joue certainement beaucoup… Mais ça reste appréciable ! N’importe où vous sortez, les gens sont étonnés ; puis lorsque vous leur disez quelques mots dans leur dialecte, ils le sont encore plus (une fois, j’ai dit « maayon gaga » au lieu de « maayong aga » ; le dernier signifie « bonne matinée », et le premier « bon imbécile »).

Dans mon quotidien, chez les Yusay, on va souvent au restaurant. La notion de famille et de rassemblement est très importante ! (comme chez tout Philippin !) ; sinon, tous les samedis, je fais de la boxe avec les Radcliffe, ou parfois du badminton avec ma mère Yusay. Dimanche dernier, à 5 heures du matin, nous avons couru pour la cause du cancer. Il y a souvent des activités de ce type à Bacolod. Celle-ci était organisée par le Lions Club, mais le Rotary en réalise aussi ! Par ailleurs, le Rotary est relativement bien présent et surtout reconnu ici ! Il y a même quatre clubs différents, et dans la ville, on retrouve souvent des pancartes « Rotary ». Ils sont très actifs mais leurs activités se réalisent généralement pendant nos semaines de cours…
La semaine dernière, j’ai fait du Yoga avec un ami ; j’y retournerai, c’est sympa. Ici, j’ai envie d’essayer pleins de nouvelles choses ! Par exemple, dans deux semaines, il y a le Sportfest ! Une semaine dans laquelle on fait du sport et on doit battre les autres batchs. Il existe notamment ce « sport » Philippin qui est d’attraper des cochons dans un enclos boueux ! Ca a l’air trop marrant !

Mon objectif actuel est de parler le dialecte et de le comprendre bien pour Noël (chouette cadeau). Sinon, j’ai été invité à un bal, pour lequel on doit se préparer toute l’année, pour savoir danser des danses traditionnelles. Avec le costard et tout, ça va chauffer en février !

Le temps passe terriblement vite. Nous sommes déjà à la moitier de l’année scolaire (on finit en Mars !). Ma vie ici est clairement différente de celle que j’avais en France. Le cadre lui-même et les gens qui l’habitent en sont les grandes raisons ; je me sens changé. J’apprend beaucoup sur tout, par tout le monde! Ici, je n’ai peut-être pas les mêmes amis qu’en France, mais ça me plaît ! C’est méga-positivement différent !

Je souhaite remercier ma famille française et le Rotary Club de Sablé-sur-Sarthe qui me permettent de vivre tout ça !

Sige toy halong ! Bakod ya !