Décembre : Noël, 18 ans… Plutôt atypique mais inoubliable – Marie-Morgane Vautier – Inde

Un petit point météo pour débuter ce dernier compte-rendu de l’année 2013. 30 degrés (au minimum) sous le soleil indien et la moindre goutte de pluie depuis des mois. Quand je suis arrivée en juillet c’était la saison des moussons. Qui dit mousson, dit pluie abondante et quotidienne. Je détestais vraiment ce temps, car à un moment de la journée il pouvait faire grand soleil et à peine une demi-heure après il y avait de violent orages et une pluie torrentielle. Et si on avait le malheur d’oublier notre parapluie nous étions trempés en à peine 10 secondes. Bref, ce climat tropical ce n’était pas vraiment pour moi. Mais, les indiens eux adoraient cette période de la mousson ce que j’avais bien du mal à comprendre. Mes amis me disaient : « Tu verras quand on sera au mois de mars-avril et qu’il fera plus de 35-40 degrés tous les jours la pluie te manqueras ». Pour moi, ce n’était pas possible que la pluie puisse me manquer un jour car il pleut tellement en France que je me disais que de la chaleur et du soleil pendant un an c’était un temps rêvé. Mais au bout de 5 mois (à partir du mois de décembre et surtout durant la période de noël), la pluie et le froid ont commencé à ma manquer. Je pense que ce qui me manquait c’est quelque chose qui puisse me rappeler que nous étions au mois de Décembre et que noël approchait.


Pour revenir à mes aventures de ce mois de Décembre, avec je m’excuse encore une fois plus de 2 mois de retards. Début décembre (le 10 décembre) c’est donc terminer notre premier Bus trip dans le sud de l’Inde. Après plus de 25 jours de voyages nous voilà de retour à Coimbatore. Alors que tous les autres étudiants d’échanges retournaient dans leur famille d’accueil (avec plus ou moins d’enthousiasme pour certains) me voici à rester encore unepetite semaine dans cette ville (ma famille d’accueil ne pouvant pas venir me chercher tout de suite à Coimbatore pour me ramener à Thrissur). Cela ne m’a pas déplus de passer encore un peu de temps avec les autres étudiants d’échanges surtout que j’étais chez Sophie (autre française dans mon district) mais ma famille d’accueil commençait à me manquer après plus d’un mois sans les voir.

Durant cette semaine-là nous avons fait pas mal de choses avec Sophie et sa mère d’accueil nous avait même prévue quelques visites. Tout d’abord, nous avons été au centre commercial avec les autres étudiants d’échanges pour aller au cinéma et faire un peu de shopping. Sophie m’a aussi présenter à quelques-uns de ses amis indiens avec qui nous avons pu sortir un peu. Au cours de la semaine, nous avons aussi été à un centre de yoga et de méditation (« Isha Yoga Center ») situé à une trentaine de kilomètre de Coimbatore. Une chose qui m’a particulièrement étonnée c’est la présence de nombreux étrangers dans ce centre (pourtant situé dans une zone peu touristique) et qui pour la plupart n’étaient pas de simple visiteur. Ils étaient là dans le c​adre d’un séminaire dédié à la méditation et au yoga, le guru (« maître ») de ce centre ayant une renommée internationale. Au cours de cette semaine, je me suis aussi rendue avec Sophie et sa mère d’accueil à Madurai (ville situé à environ 3 heures de voitures de Coimbatore). Cette ville est considérée comme l’âme du Tamil Nadu du fait de la présence de nombreux temples. Nous avons donc visité le temple de Sri Meenakshi Amman, un temple aussi sacré pour l’Inde du Sud que le Taj Mahal pour l’Inde du Nord. Voilà pour la semaine que j’ai passée à Coimbatore. Le 18 décembre, mon père d’accueil est venu me chercher à Coimbatore et je suis rentrée à Thrissur après plus d’un mois. J’étais vraiment contente de retourner dans ma famille qui il faut l’avouer m’avait beaucoup manqué. Le 19 décembre avait lieu une exposition de science et d’arts à l’école et les élèves de 11th grade (ma classe) ont cette année décider d’installer un stand de nourriture pour récolter des fonds pour la fête d’adieu des 12th grade (dernière année) au mois de février. Nous avons donc vendus des snacks (ex :garlic bread, samosa …), gateaux (ex : gulab jamun -> dessert à base de semoule et d’un sirop…), chappati(pain indien) …. 2 filles de ma classe proposait aussi de faire du mehindi ( dessins sur les mains ou les chevilles réalisés au hénné). Pendant que certains cuisinaient, d’autres servaient et moi avec une de mes copines nous avons fait les caissières. J’ai vraiment aimé faire ça, cela m’a permis de rencontrer de nouveaux élèves, des parents d’élèves. Et au final nous avons récolté pas mal de fond, environ 6000 roupies ce qui équivaut à environ 70 euros. Le lendemain (20 décembre), toute l’école s’est retrouvée pour célébrer noël avec au programmes de la danse, des chants. Entendre des chants de noël m’a finalement rappelé qu’il ne restait que quelques jours avant noël et que je ne savais toujours pas si j’allais fêter noël et avec qui (la famille d’accueil où je me trouvais est hindou et mon père d’accueil était partis pour son travail à Bangalore pour une dizaine de jours ce qui fait qu’il n’aurait pas pu être présent pour noël). Mon père d’accueil m’avait dit en rentrant de Coimbatore que je changerais de famille pour aller dans celle du président de mon rotary club qui voulait me recevoir quelques mois chez eux. Quand il m’a annoncé cela m’a un peu déstabilisé du fait que j’allais devoir changer juste avant noël et surtout que je ne connaissais pas du tout cette famille n’ayant rencontré qu’une seule fois le président de mon rotary club.

Et puis je me suis dit qu’il fallait seulement voir le côté positif des choses, que cela allait me permettre de découvrir pleins de nouvelles choses de faire de nouvelles rencontre. Je me suis donc retrouver à changer de famille la veille de Noël c’est-à-dire le 23 décembre. Je ressentais un mélange de tristesse, du fait de quitter cette famille qui m’avait accueilli à bras ouverts à un moment où cela n’allait pas très bien avec ma première famille et avec qui je me sentais vraiment comme dans ma propre famille. Mais en même j’étais excité et un peu anxieuse. Est-ce que j’allais trouver ma place dans cette famille, être que j’allais m’y sentir bien…
Dès que je suis arrivée j’ai su que cette famille allait rester à jamais gravée dans mon cœur. Ils m’ont de suite considérée comme quelqu’un de leur propre famille, comme leur fille, leur petite-fille, leur cousine … Cette famille représente pour moi l’image que je me faisais d’une famille indienne. Une famille gigantesque, où les différentes générations vivent ensemble, une famille soudée… Cette aussi dans cette famille que je me suis rendue compte à quelle point nos deux sociétés étaient différentes et que notre manière de vivre, la conception de la famille en France peut les choquer. Ici une personne même adulte ne peux prendre des décisions seul sans l’avis de sa famille, ils n’agissent en aucun cas pour eux mais uniquement pour leur famille. Certaines choses qui les ont choqué : le fait qu’il y ait des maisons de retraites, que pour mes études j’allais habiter dans un appartement toute de seule, que mes grands-parents vivent dans une maison tout seul et n’ai pas la présence de leurs enfants pour les soutenir… Notre société est peut être bien égoïste finalement. Mais il y aussi des choses qui moi de mon côté m’ont au début choquer mais qui finalement font partis de mon quotidien : la condition de la femme (elle n’est pas tout à fait autonome mais sous l’autorité du père puis du mari et même si la femme est respectée dans ma famille d’accueil ils n’en reste pas que l’on est encore loin de l’égalité homme-femme…), la présence de bonnes, les mariages arrangés…)
Je vais essayer de vous présenter un peu ma famille d’accueil. Il y a d’abord mon père d’accueil (Joyachan), ma mère d’accueil (Sheela) et ma grand-mère d’accueil de 80 ans que j’appelle Amama ce qui signifie grand-mère en malayalam. Mon père d’accueil à 2 frères qui vivent chacun dans une autres maison à peine 2 minutes de chez moi et 2 sœur. Ils ont chacun des enfants qui ont eux aussi des enfants. Et ma mère d’accueil a quant à elle 3 sœurs et 1 frère. Ce qui fait que cette famille est une famille gigantesque et pour célébrer noël il y avait au moins une centaine de personnes. Pour revenir à Noël quand je suis arrivé le 23 décembre nous avons décoré le sapin (ou plutôt un arbre) dehors et installé une crèche. A oui je crois que j’avais oublié de dire que ma famille d’accueil est chrétienne ce qui change beaucoup de choses pour moi car ici la religion influe beaucoup sur la vie quotidienne et le mode de vie. Le lendemain nous avons mangé dans la famille de mon père d’accueil et nous avons été à la messe de minuit. Il y a avait tellement de monde dans l’église que nous n’avons même pas pu rentrer à l’intérieur. Je pense qu’ici il y une telle ferveur religieuse, et leur vie même tourne autour de la religion. Aller à l’église le matin (messe à 6 h), prière avant de partir de la maison, de prendre la voiture, prière le soir… Le 25 décembre nous avons encore une fois mangé toute ensemble dans la maison de mon oncle d’accueil j’ai bien profité de la journée avec mes cousins et cousines d’accueils. Après seulement 2 jours, je me sentais comme dans ma vraie famille, et partager ce noël entouré de cette famille m’a permis de ne pas ressentir trop de coup de blues durant cette période.

Après Noël, j’ai eu quelques jours où j’ai ressentis un petit coup de blues l’effervescence de noël étant passé, je me suis retrouvé seulement avec mes parents d’accueil et ma grand-mère… et je crois qu’une chose qui m’a au début un peu déstabilisée à ce moment-là c’est la langue. Celapeu peut être paraître bizarre qu’après plus de 5 mois en inde, la langue soit toujours un problème mais la raison est que dans mes 2 premières familles d’accueil tous parlaient très bien anglais et que par conséquent mis à part quelques mots ou quelques phrases je n’avais aucune connaissances en malayalam (la langue du kérala). Je me suis donc retrouvé un peu perdu dans cette famille ou personne ne parlait vraiment anglais ou seulement très peu. Mon père et ma grand-mère d’accueil avaient quelques bases mais ma mère d’accueil ne parlait pas du tout. Le langage des signes a été pendant quelques jours notre meilleur ami et puis au fil des jours, des semaines, ont à chacun de notre côté fait des progrès, elle en anglais et moi au malayalam. Et même si cela a été un peu dur , la langue n’a jamais été un problème pour m’intégrer dans cette famille et au final je me rend compte que nous n’avons pas besoin de parler la même langue pour construire une relation avec une personne.
Le 30 décembre, les cours ont repris et cela fut bien la première fois que j’ai été à l’école le jour de mon anniversaire (31 décembre).Le jour de mon anniversaire restera pour moi peut être mon pire souvenir ici. Pourtant j’ai pu fêter cela avec mes amis au lycée, et une grande partie de ma famille d’accueil le soir. Mon père d’accueil avait aussi invité mon ancienne famille d’accueil pour le repas. Malheureusement mon père d’accueil a d’assez grave problème de santé dans la soirée ce qui l’a obligé à se rendre à l’hôpital pour quelques jours et nous avons tous été très inquiets. Même si maintenant tout est rentré dans l’ordre cette période de la nouvelle année et de mon anniversaire restera pour moi un souvenir assez triste.