Louis Dréano – Philippines – janv. 2016

Unsa man bay ?

Depuis vendredi soir dernier, je suis rentré de mon voyage scolaire de Cebu et Bohol. Jusqu’à aujourd’hui, je crois que j’ai passé la meilleure excursion dans le cadre de l’école… Au même niveau que Belle-Île en CM1. Très sincèrement, j’étais triste de revenir à Bacolod, pensant qu’un tel voyage ne se refera jamais, du moins avec mes batchmates. Je me suis vraiment rapproché de mes amis, j’en ai rencontré d’autres et j’ai pu apprécier tous les moments que nous avons pu partager. Je ne m’attendais pas à vivre quelque chose d’aussi agréable, mémorable.

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Nous sommes partis donc du 5 au 8 Janvier, dont deux jours de trajets. Le bateau et le bus, nous avons pris (soit 6 heures de voyage au moins). Nous sommes restés dormir dans un hôtel, à Cebu City. Cette ville est située à l’est de l’île même Cebu, sur le détroit de Bohol, et est peuplée d’environ 800 000 habitants. C’est la plus ancienne ville des Philippines : elle fut la première capitale des Espagnols en 1565. Deuxième ville du pays, capitale de ma province les « Visayas », Cebu est surnommée « la Reine du Sud ». En face de la ville, la petite île de Mactan est l’endroit où le premier explorateur portugais Magellan a posé les pieds aux Philippines. Pas très loin, il y mit sa croix, devenu lieu sacré, à côté de l’église Saint Nino. A ce lieu, on peut rencontrer ces femmes en tenue jaune qui vendent des bougies garantissant le succès, la bonne santé, protégeant la famille notamment. Après cet achat, elles font une petite danse traditionnelle (deux pas en avant, un en arrière), priant en nos noms, dans leur dialecte Cebuano. Ensuite, on brûle les bougies près de l’église. Ici encore, la religion catholique est au-delà de tout, c’est très folklorique !

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Cebu City a le quatrième plus gros mall des Philippines (SM Seaside, genre de méga gigantesque centre commercial, à en perdre la tête et son porte monnaie…). Dans le pays, on utilise souvent le verbe « to mall », « malling » pour dire que l’on se promène dans un de ces grands centres. Celui de Cebu donc est immense. Un sentiment de vide dans les allées, de « trop rempli » dans les magasins… Au moins, on peut vraiment trouver tout ce que l’on veut, et c’est assez sympathique de s’y « promener ».

Notre journée à Bohol a gravé mentalement en moi ce sentiment de paix, de bonheur intense ces paysages curieux et divagant autour de nous. Sur la rivière de Loboc, nous avons mangé sur un bateau, s’arrêtant de temps en temps pour regarder des danses traditionnelles, et contempler le si bel environnement.

Louis-janv - 11 Le bus nous emmena plus tard, dans l’après-midi, au cœur de ces montagnes étranges : les « chocolate hills ». Ce sont en réalité 1 268 collines de 60 à 120 mètres de hauteur dont la végétation subissant la sécheresse des mois de décembre à avril donne une teinte chocolat à ces curiosités géologiques, d’où leur nom. Une légende voudrait que ces collines soient les larmes tombées des yeux d’un géant. Ou bien les déjections d’un immense Carabaw (buffle philippin)… Je préfère la première légende… La vue est bien impressionnante en tout cas (et très silencieuse).

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C’est également à Bohol que l’on trouve les plus vieilles églises espagnoles, datant de l’époque coloniale, qui ont été relativement bien conservées (malgré le tremblement de terre).
Puis il y a ces fameux minuscules primates, dont les yeux sont plus gros que la tête… Le tarsier, le plus petit primate du monde (eh oui eh oui, aux Philippines !), est en nombre sur l’île, uniquement sur Bohol. J’imagine que certains l’ont déjà vu à la télé, sur Koh-Lanta ! A vrai dire, c’est très mignon mais ça ne bouge pas vraiment… Ca regarde, impressionné ! Et ça dort…

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Comme vous pouvez le lire, ce voyage m’a énormément marqué car je ne m’attendais pas à grand chose. En effet, nous devions partir en décembre, mais, en raison d’un typhon à Cebu, le fill trip a été décalé. A la place de cette semaine (du 14 au 17 décembre), j’ai pu cependant travailler sur le projet que je vous avez déjà fait part : le projet Welding Scholarship !

Mon projet est de récolter près de 1160 euros (rappelez-vous haha), pour pouvoir payer la formation de soudeur à deux Philippins. Pour la promotion de cette idée, j’ai réalisé une petite vidéo explicative de 8 minutes. En effet, nous avons tourné deux fois dans l’école, avec un ami de mon père d’accueil qui est spécialisé dans la photographie et la vidéo (un genre de Pascal Tansorier, mais philippin et absolument pas ponctuel…). Ces deux matinées ont été permises par mon conseiller, chairman du district et aussi propriétaire de l’école (IETI Bacolod), Tito Junjun Arceo (oui, un seul homme). J’ai pu assister à la remise du diplôme de Razel (interviewée dans la vidéo). Ce fut un moment très beau, très touchant car son père était présent, elle me raconta un peu son histoire. Elle vient d’une famille de 7 enfants, récemment renvoyé de Banago – un quartier pas très safe à cause des squatteurs ; pour une ferme assez loin de Bacolod. A mon âge donc, elle a commencé à faire cette formation de 6 mois… Juste imaginer cette situation me rend très admiratif ! Elle partira certainement sur un de ces chantiers au Moyen-Orient ! Wouaw, il en faut du courage pour quitter sa famille (et oh que la famille est la chose la plus importante pour un Philippin !). Le samedi qui suivit (après Noël je crois bien), nous avons monté la vidéo… Soit de 10h30 du matin à 18:30 au soir ! La nuit y est tombée vite, mais cela en vaut la peine ! Je suis très content du résultat ! A présent, nous réfléchissons sur la récolte des fonds ! De tout mon cœur, ce projet risque d’être magnifique, nous y croyons dur comme fer.

De cette expérience, j’ai beaucoup appris. J’ai appris à être patient (très difficile quand l’impatience et l’idéalisme de la jeunesse nous mordent les lèvres), monter un projet (premier gros projet qui vient vraiment de mon initiative ; très encourageant donc pour un second) et rester optimiste ! Très sincèrement, ce fut un épisode assez difficile, stressant (on m’a « posé un lapin » le premier jour haha), mais j’ai compris qu’il faut considérer les challenges et les obstacles de la vie comme une opportunité pour grandir ! Voici le lien (dropbox) de la vidéo.

J’ai passé un très bon noël ici, à Bacolod. Nous avons rendu visite à de la famille un peu partout – j’ai même rencontré le quatrième homme le plus riche des Philippines, Alfredo Abelardo B. Benitez (le neveu de mon père d’accueil) ; mais, malgré tout, je n’avais pas l’impression que c’était noël… Le froid ne me manque pas vraiment à vrai dire… Du coup pour noël, on va à la messe et on mange un très gros buffet !
Quelques jours plus tard, ma première famille d’accueil, les Yusay, m’ont emmené à Boracay pour le Nouvel An. Jusqu’à présent, j’ai passé le meilleur nouvel an de toute ma vie là-bas ! Boracay est l’île la plus touristique du pays, idéal pour la farniente. Ses plages de sable blanc immaculé baignées par ses eaux bleues translucides invitent les touristes par milliers à venir profiter de ce petit paradis. Souvent, les natifs Philippins sont nostalgiques de cette terre car, il y a 25 ans déjà, il n’y avait à peine l’eau courante et l’électricité… A présent, les hôtels et les restaurants s’y chevauchent… Mais, à mon regard d’étranger, Boracay est vraiment le rêve… Voir le feux d’artifices claquant de part et d’autre de l’île, se baigner à 6h du matin le premier jour de 2016, se coucher au levé du soleil, vagabonder sur la plage la nuit perdu dans ses pensées, faire du banana-boat… Ici encore, les gens sont superstitieux : dès l’annonce de la nouvelle année, tout le monde sauta croyant que c’est un signe pour grandir cette année… Oui, les gens ne sont pas très grands ici…

Le premier week-end des vacances de décembre, nous sommes allés à un festival à Victorias. Nous y avons rencontré des DJs connus de Manille et – cela restera un souvenir inoubliable et impossible à refaire ; nous sommes montés sur la scène pour faire vraiment le « show » devant une foule à perte de vue… Dingue ? Jusqu’au bout de la nuit… Enfin, 3 heures du matin…

A ce merveilleux jour, je me sens en harmonie avec le pays plus que jamais. J’adore le peuple philippin (c’est réciproque haha ; ma famille d’accueil veut que je puisse rester chez eux plus longtemps), le dialecte de l’île commence à vraiment bien rentrer. J’ai beaucoup de chance d’ être ici ! M’avoir envoyé ici est une belle bénédiction, j’en suis très reconnaissant à tous les membres du Rotary et ma famille ! J’apprends beaucoup mais surtout, à l’avenir, j’ai beaucoup d’idées en tête que je souhaiterai réaliser…

Salamat gid ! Bongga, tigas ba ! Tani sadjahan kamo sa France !